C'était demain
Je n'ai pas l'impression d'avoir mon âge. Quand je me dis que j'aurais bientôt 19 ans, ça me semble impossible. Je me trouve vieille... et je pense déjà à la vingtaine qui arrive, bêtement. Peut-être à cause de mon copain, qui ne cesse de se plaindre de sa trentaine qui va bientôt lui sauter dessus. Mais moi, je me dis que j'ai toujours 16 ans. J'aurais toujours cet âge-là. Depuis ce jour-là, je me dis que quelque part, je ne grandirais plus. Pourtant, il ne s'est pas passé grand chose, ce jour-là, j'ai juste failli me faire agresser, et je m'en suis sortie, après quelques minutes... embarassantes. Pourtant, pourquoi ça résonne en moi comme une blessure ouverte, une blessure qui ne cicatrisera jamais ?
Depuis ce jour-là, tout s'est enchaîné. Et mon intuition, heureusement qu'elle était là ! La maligne m'a permise de largement faire face aux évènements -si je puis dire, il me semble que j'ai largement trop peu vécu. Mais tout est allé si vite ! C'est l'âge, je sais bien. Mais tout est allé si vite ! Tout s'est emballé, la musique s'est énervé, le sol a tremblé, s'est balançé, a commencé à divaguer, et le temps a passé, d'un coup, comme ça... jusqu'à ce foutu déraillement. Ce foutu déraillement qui, finalement, n'a fait qu'achever ce qui avait été commencé... commencé déjà bien longtemps auparavant. Ou non pas si longtemps finalement... un an plus tôt. Ca semble si loin, cet aujourd'hui d'hier, un aujourd'hui figé. Et quand je pense à ma vingtaine qui approche, c'est "un demain déjà senti comme un passé", comme disait Ionesco.
Mais j'ajouterais que cette nostalgie de demain, elle ne vient que quelque fois, pour me faire ressentir le temps qui passe, l'éphémère, la vie qui va, qui vient, puis s'éteint, naturellement.